Mobilisation contre le « trou noir »
D’entrée de jeu, il faut savoir que l’industrie saisonnière est principalement concentrée dans l’Est du Canada et que près des deux tiers des prestataires saisonniers d’assurance-emploi au Canada vivent au Québec et dans les Provinces Atlantiques. C’est une situation qui entraîne une problématique de chômage bien particulière, qui réclame des solutions particulières.
Depuis la fin d’été 2017, nous avons assisté, dans l’Est du Québec et sur la Péninsule acadienne, à la plus importante mobilisation sur l’assurance-emploi, depuis la réforme Harper de 2012-2013. Ce sont des populations entières qui se sont mobilisées dans les régions de Charlevoix, de la Côte-Nord, du Bas du Fleuve, de la Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine ainsi que dans le nord du Nouveau-Brunswick, soit la Péninsule acadienne, où sévit justement l’emploi saisonnier.
Mobilisées parce qu’affectées par des protections insuffisantes en matière d’assurance-emploi.
Mobilisées parce qu’affectées par une réalité dramatique, celle de se retrouver sans revenu après la fin des prestations d’assurance-emploi, et plusieurs semaines avant la reprise du travail, le « trou noir ».
Mobilisées parce que la réalité du travail saisonnier s’impose aux règles qui dominent l’économie de ces régions, ou d’une partie de ces régions. Mobilisées dans un contexte où malgré la baisse du taux de chômage généralisé dans les 12 régions administratives du Québec, ces régions, ou parties de régions administratives de l’assurance-emploi (pensons à une région réunissant autant le Bas-du-Fleuve que Charlevoix, la Haute-Côte-Nord et une partie du Lac St-Jean…) continuent à subir une réalité crue du chômage.
Mobilisées parce que fiers d’être saisonniers, fiers de leur emploi, fiers de leur appartenance régionale, mais mobilisées aussi parce que se sentant abandonnées des pouvoirs politiques.
Cette mobilisation des populations de l’Est du Québec et de la Péninsule acadienne a eu un effet certain ! Ainsi lors du budget fédéral de février 2018, il y a eu injection d’un budget d’urgence dans le cadre de mesures de formation. Et depuis le mois d’août 2018, une mesure de prolongation de prestations de chômage de l’ordre de 5 semaines a été mise en place. Cette mesure vise 13 régions, 12 d’entre elles étant situées dans l’Est du Canada.
Pour autant, s’il y a des pas qui ont été faits dans la bonne direction, il y a encore du chemin à faire. Les régions qui vivent avec une économie saisonnière doivent être déclarées « régions protégées » et les saisonniers de ces régions, doivent bénéficier de mesures de protection, visant une meilleure admissibilité et une période de prestations suffisantes pour éviter le « trou noir ».
Dans ce cadre, les mobilisations du Québec et de l’Acadie se sont réunies et vont dorénavant oeuvrer ensemble pour mener ce combat essentiel.